En tant que rédacteur ou journaliste, vous pouvez être amené à réaliser une interview. Ce grand moment est parfois angoissant pour vous, professionnel de l’écriture, plus habitué à être plongé dans votre écrit qu’à prendre la parole face à un interlocuteur paniqué à l’idée de se livrer.
Pourtant, l’interview est une expérience d’une richesse inestimable. Voyez un peu, quelqu’un se confie à vous. Une personne vous adresse toute sa confiance pour recueillir ses propos et les retranscrire fidèlement dans un article.
Face à cet enjeu, voici quelques astuces pour offrir une expérience unique à votre interlocuteur.
Rappelez le déroulement de l’interview pour rassurer l’interrogé
Quelques jours avant l’interview, n’hésitez pas à envoyer un mail ou à appeler le futur interviewé pour lui exposer le déroulement de l’interview.
Il peut s’agir de rappeler :
- L’heure du rendez-vous ;
- Le lieu ;
- La personne qu’il doit aller voir en arrivant ;
- Votre numéro de portable ou votre mail en cas de besoin ;
- La durée de l’entrevue ;
- Les éventuelles questions s’il souhaite les recevoir et les consulter avant pour se préparer ;
- L’environnement de l’interview : en présentiel, distanciel, dans des canapés, autour d’une table ;
- L’enregistrement de ce dernier : audio, vidéo ;
- Le nombre de répondants ;
- La confidentialité de ses propos tant qu’il n’a pas validé la retranscription ;
- La possibilité de modifier, corriger, demander la suppression, d’informations mal retranscrites, mal comprises, ou qui pourraient le léser une fois publiées ;
- Les délais.
Demandez la permission d’enregistrer votre interviewé
Qu’il s’agisse d’un entretien filmé, en visio sur Teams ou en tête à tête, demandez TOUJOURS à votre interlocuteur la permission d’enregistrer la conversation (vidéo ou audio). Expliquez-lui les raisons : vous pourrez retranscrire avec fidélité et authenticité ses propos.
S’ils ne veulent pas être enregistrés (malgré l’explication du déroulement de l’interview dans le mail envoyé quelques jours avant), vous devez alors prendre des notes.
Mettez votre interlocuteur à l’aise en lui donnant confiance
Répondre à vos questions n’est pas un exercice facile. Alors, il convient de préparer l’intéressé et de lui donner confiance en vous.
Cela passe évidemment par le fait de lui indiquer qu’il peut répondre ce qu’il souhaite, qu’il n’a pas besoin de s’arrêter en cas de bafouillage (lorsque l’interview est vouée à être écrite), qu’il impose ses limites en matière de confessions, qu’il peut refuser de répondre à une question s’il la juge trop intrusive ou qu’elle la met mal à l’aise.
Évidemment, ne regardez pas votre montre, cela peut déstabiliser l’interlocuteur qui pense, à tort, que ses réponses ne conviennent pas.
Regardez-le, avec bienveillance. N’oubliez pas de lui sourire, pour lui donner confiance et l’encourager sur cette voie.
Donnez-lui le temps de réfléchir à ses propos sans le presser.
Ne coupez pas la parole, sauf en cas de besoin
Avant l’interview, si vous estimez que cela peut le rassurer car il n’est pas habitué à ce type d’entretien, indiquez à votre interlocuteur que vous pouvez être amené à lui couper la parole.
Expliquez-lui pourquoi :
- Redonner la bonne direction à l’interview ;
- Mettre un terme à une réponse un peu trop longue, qui va dans tous les sens ;
- Répondre aux contraintes de temps ;
- Laisser la parole aux autres ;
- Dynamiser l’interview en réduisant le temps des réponses (surtout lorsqu’il s’agit d’une interview filmée).
Cela va rassurer l’interviewé qui ne se sentira pas lésé si vous le coupez. Cela peut même lui donner les clés pour repenser sa réponse, revenir à l’essentiel. C’est un signal dont il comprend le sens.
Envoyez une première version de la retranscription
Pour être certain de viser juste lorsque l’interview sera publiée, il est toujours confortable et respectueux d’envoyer votre premier jet d’article aux interrogés.
L’idée est alors de conserver leur confiance mais aussi :
- De pouvoir modifier certains propos mal compris ;
- De corriger les erreurs ;
- De demander quelques précisions sur des réponses qui méritent des chiffres, des sources, etc ;
- De retirer des passages que les interviewés ne veulent pas publier.
Une fois l’accord de tous les interviewés et les corrections apportées, vous pouvez publier votre article en conscience !
Remerciez-le pour ses témoignages
Enfin, une fois cette expérience riche et unique passée, envoyez un message de remerciements aux interrogés.
Il s’agit d’une marque de respect, pour leur temps, leur investissement, et cela même s’ils ont payé pour être entendus.
La confiance témoignée, les propos recueillis, les questions plus intimes auxquelles ils ont accepté de répondre, sont autant de raisons de remercier les interviewés.
C’est aussi une manière de replacer l’humain au centre de tout, de donner plus d’importance à ces échanges, de métamorphoser un simple question/réponse en véritable partage.
Au cours de ma vie professionnelle, j’ai pu organiser bon nombre d’interviews (écrites, en plateau, filmées, etc). J’ai toujours été frappée par les retours des interrogés : ils ont à coeur d’être entendus (cela semble le b.a.-ba, mais visiblement cela fait défaut chez beaucoup de journalistes). Ils se sentent écoutés, compris, aiment avoir le temps de répondre sans être interrompus. Ils apprécient pouvoir choisir de répondre à certaines questions ou non, de ne pas être pris en traître ou coincés avec une question qui n’a vocation qu’à faire du buzz.
Et ce sont toutes ces raisons qui m’ont poussée à faire de chaque interview un moment unique, rassurant, enrichissant, différenciant. Une véritable pause dans le quotidien des interrogés.
(Crédit photo : Pexels – Photo de Tima Miroshnichenko)
